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Attention au chien !
18 février 2023

Une semaine entre les Landes et les Asturies (5)


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Espagne

Acantilados de Castru Arenes, Cuerres  

février 2023

 

      Le soleil peine à se lever et rosit le ciel juste au-dessus de la cime des eucalyptus qui longent le camping. Il a gelé fort mais l’air est limpide comme du cristal. La journée s’annonce extraordinaire. 

     Je m’arrête à l’office du tourisme où m’accueille une dame. Elle s’étonne de la qualité de mon espagnol alors je lui explique tout : la guerre d’Espagne, l’exil, le camp d’Argelès puis le sud-ouest où je suis née longtemps après. « Mon histoire, vous comprenez, elle est forcément liée à celle de l’Espagne ». Elle est émue et me raconte la sienne à son tour. Elle griffonne des titres d’ouvrages et de films sur la carte des Asturies qu’elle vient de me donner. Ses grands-parents  ont dû s’exiler eux aussi mais pas pour toujours comme papa. La montée de l’extrême-droite, elle ne comprend pas, surtout dans un pays comme l’Espagne. « Tu te rends compte, me dit-elle, après 38 ans de didactature ! Les jeunes générations ne savent même pas qui est Franco » ajoute-t-elle désabusée. Nous parlons encore et encore. Je ne vois même plus les eaux de la Sella qui se mêlent à celles de la mer. Ce qui se passe entre cette femme et moi est un moment hors du temps, riche et émouvant.

     Sophie qui commençait à s’impatienter, m’accueille avec un long borborygme désapprobateur. Nous empruntons des routes étroites et sinueuses qui nous font découvrir un environnement pastoral serré entre les montagnes et la mer. Bientôt, nous débouchons sur « los acantilados de Castru Arenes ». La vue est ahurissante : le regard se perd loin où que l’on tourne la tête, s’accrochant aux falaises qui découpent la côte ou aux cimes des Picos de Europa. En plein soleil, il fait si bon que l’on oublie déjà les moins trois degrés de ce matin. Le Guadamía se jette dans la mer en contrebas des falaises. Son embouchure forme une plage fluviale étroite où remonte au gré des marées la mer cantabrique. 

     Dans l’après-midi nous rejoignons l’autre rive du Guadamía pour découvrir « Los bufones de Pría » un curieux phénomène de la nature : « l’eau de mer entre furieusement à travers les cheminées et les crevasses du calcaire des falaises. Sa force même la projette générant un phénomène rappelant les geysers, formant des jets de plus de vingt mètres de haut » ( source : espagnefascinante.fr ). Plus la mer est grosse, plus le coefficient est élevé et plus le phénomène est spectaculaire. Ce n’est pas vraiment le cas aujourd’hui mais nous verrons bien. A première vue on ne remarque rien de spécial mais, tout d’un coup, à la faveur du ressac et de la marée montante, la falaise par endroit se met à mugir comme si elle tenait enfermée au sein de ses entrailles quelque créature désespérée. Le bruit est tellement énorme que Sophie s’arrête net et refuse d’avancer plus loin. A chaque mugissement, les cavités laissent échapper une fine brume marine qui monte dans l’air limpide. Nous nous calons au creux d’une énorme pierre et, serrées l’une contre l’autre, nous écoutons chanter et pleurer les falaises de Pría.

 

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