Très loin dans le plus beau (1er épisode)

18 mars 2021

Très loin dans le plus beau (1er épisode)

Très loin dans le plus beau (25 février 2021- 5 mars 2021) (1950 kilomètres)

Cabanes de Gouville, Manche

février 2021

Jour 1 : Villeneuve – Challans (Vendée) (420 kilomètres)

Météo : clémente !

Je prends la route tranquillement. Je passe par des endroits connus mais oubliés. Le ciel est bleu. Les champs de colza commencent à se teinter joliment de jaune. Margueron, Libourne, les vignobles. Il y a si longtemps… Ce restaurant où j'avais déjeuné est toujours là, je le reconnais bien mais il est fermé. Sophie m'affirme que c'est normal, tous les restaurants sont fermés, ceux d'hier comme ceux d'aujourd'hui.

Première nuit, premier bivouac.

Vendée

Gois de Noirmoutier, Vendée

février 2021

Jour 2 : Challans – Noirmoutier (100 kilomètres)

Météo : clémente et encore plus

Marée basse : 10h 22 au gois de Beauvoir-Sur-Mer

Mot nouveau : saulnier

A 9H 20, je suis au gois. Il fait un temps superbe et l'océan a complètement disparu. Je trépigne d'impatience à l'idée de traverser avec le fourgon. Sophie rêve d'aller courir après la mer qui s'est retirée loin. Les pêcheurs à pied commencent à se presser. Il y a des cyclistes à bicyclette, des automobilistes en voiture et nous en fourgon. Nous faisons quelques pas sur les pavés humides histoire de voir comment ça fait de fouler une chaussée encore submergée par la mer deux heures auparavant. C'est enfin parti pour plus de 4 kilomètres de rêve, du continent jusqu'à l'île. J'aimerais bien m'arrêter en plein milieu mais ça pousse derrière.

Sur l'île nous cherchons le sentier côtier pour une balade en bord de mer puis escale à Noirmoutier même, jour de marché. Sophie fait encore sa star. Nous marchons jusqu'au bout de la jetée, plage du Vieil et retour. D'un côté le chenal où la marée remonte de l'autre, les saulniers de la réserve ornithologique. Grande fatigue, plus personne ne bouge.

Deuxième nuit, deuxième bivouac.

Normandie

Cabanes de Gouville, Manche

février 2021

Jour 3 : Challans – Surtainville (Manche) (400 kilomètres)

Météo : exceptionnelle !!

Marée Basse : vers 14 heures

La route déroule un joli paysage ensoleillé. Je traverse la Bretagne en regardant la nature. Après le Mont-Saint-Michel, tout devient doux et tendre. Maintenant le nom des villes et des villages est en « ille », ça rime, c'est logique. Granville, Bricqueville, Coutances, Gouville. On fait une pause. Sophie fait le pitre au milieu des cabanes aux jolis toits colorés. Comme c'est dimanche il y a du monde et des enfants. J'aimerais bien m'arrêter à l'embouchure de la Sienne qui serpente le long de la route vers la mer toute proche mais il y a ce maudit couvre-feu pile alors je continue.

Vers 16 heures nous arrivons à Surtainville dans un camping charmant blotti aux pieds des dunes . En deux minutes on est sur l'immense plage de sable fin où plonge le Cap Rozel. Je sens que nous allons nous plaire.

3ème nuit, 2ème bivouac.

Normandie

Dunes de Biville

février 2021

Jour 4 : Surtainville – Diélette – Biville (50 kilomètres)

Météo : Limpide et ventée

Température : 8°

Marée basse : en cours ce matin, gros coefficient, gros marnage

Ce matin Sophie me réveille parce qu'elle a soif. Elle m 'assure qu'il est l’heure de nous lever, allez ! Hop ! En vrai, il n'est que 6h40, les dunes sont perdues dans l'obscurité. Je râle. A 7h, nous arpentons déjà le sentier côtier. Le soleil se lève à l'ouest dans un rougeoiement impeccable.

Vers 9h, balade sur la plage puis départ pour Biville et ses dunes hallucinantes. Du sentier qui y conduit, on ne voit pas le ciel. La mer semble posée en fond ponctuée de friselis d’écume comme sur un dessin d'enfant. Du calvaire qui surplombe le site, la vue est à couper le souffle. C'est aussi beau que le Menez-Hom ou le banc d'Arguin. La dune du Pyla n'a qu'à bien se tenir, elle a ici de rudes concurrentes. Dans ce paysage lunaire, la pluie a abandonné de vastes vasques d'eau où poussent des ajoncs. Le sol est recouvert d'une espèce de sphaigne serrée comme sur un green de golf. Détour à Diélette qui vaut pour sa vue impressionnante sur la baie. On détourne les yeux pour oublier Flammanville.

Retour vers 16h30. Thé et cake. On se repose au chaud. Sophie dégage une délicate odeur d'iode et de laine humide.

4ème nuit.

Normandie

Phare de Goury, Manche

février 2021

Jour 5 : Surtainville – Goury - Nez-de-Jobourg (80 kilomètres)

Météo : limpide

Marée basse : toujours très basse dans l'après-midi

Premier arrêt à Jobourg pour aller voir de plus près l'église romane et le cimetière. Sophie m'attend dans le fourgon le temps pour moi de faire quelques photos. Nous parcourons encore quelques kilomètres et nous apercevons le phare de Goury qui émerge au loin derrière les ajoncs en fleurs. Il y a beaucoup de vent. De la plage de galets on devine Guernesey ou Jersey je ne sais pas trop mais mon téléphone portable m'indique clairement que je suis la bienvenue en Grande-Bretagne ! La station de sauvetage que nous ne pourrons pas visiter non plus, est posée juste à côté d'une petite jetée. C'est une bâtisse octogonale assez rigolote et pittoresque. Goury, c'est un peu comme les 50èmes rugissants mais en France. Ce courant très puissant s'appelle Raz Blanchard et qui s'y aventure meurt un peu voire tout à fait.

Déjeuner dans les ajoncs avec vue sur le phare puis direction le fameux Nez-de-Jobourg qui culmine à 128 mètres d'altitude au-dessus de La Manche aux reflets changeants. Sur le sentier qui permet d'en faire le tour, Sophie ne fait pas trop la maline. Mer immense et bleue qui se perd dans le sable et le ciel.

5ème nuit.

Normandie

Plage de Surtainville, Manche

février 2021

Jour 6 : Surtainville – Portbail – Carteret (40 kilomètres)

Météo : lumineuse puis de plus en plus grise

Marée basse : vers 14 heures ?

Resto : toujours aucun, hélas !

Longue promenade ce matin par le sentier littoral qui court dans la dune et retour par la plage où Sophie goûte à ses premiers vrais bains de mer. Elle est au comble du bonheur et galope à perdre haleine dans les vagues : c'est un vrai plaisir de la voir si heureuse !

L'après-midi est réservée à la visite de Port-Bail. Entre temps, le ciel s'est couvert. La mer en se retirant si loin a laissé un sable gris et vaseux qui donne au havre désert un air un peu triste. J'achète quelques cartes postales que je rédige admirant la belle église romane fermée comme la plupart des monuments publics ici aussi. Je prends la direction de Barneville-Carteret où l'on m'a indiqué des boutiques et un joli point de vue depuis le sémaphore. Tout s'avère exact, boutique et point de vue sur la plage et les dunes sont au rendez-vous ainsi que le vent qui me glace le bout des doigts. Je me promets de revenir demain pour aller découvrir de plus près la petite église en ruine en bas de la falaise.

6ème nuit

Normandie

Plage de Barneville-Carteret, Manche

février 2021

Jour 7 : Surtainvile – Les Pieux – Carteret (50 kilomètres)

Météo : un peu de pluie

Marée basse : Toujours l'après-midi, très très basse

Quelques courses pour compenser l'absence de restaurant ouvert qui commence à peser un peu. Déjeuner sur la plage de galets de Sciotot. Le temps n'est pas terrible et la plage peine à me plaire. Dès 13 heures cap sur Carteret où la mer semble là aussi partie en Grande-Bretagne. L'immense plage de sable fin offre à mon infatigable ibérique un terrain de jeu sans limites où elle s'adonne frénétiquement aux joies de la baignade et de la course.

La petite église en ruine a beaucoup de charme et le sentier dans les dunes tout autant.

Je termine la journée par une séance shopping dans de jolies boutiques : du cidre, des caramels au beurre salé dans une jolie boite, un caban bleu-marine pour Juliette.

A 17 heures il pleut vraiment fort mais nous sommes bien à l'abri dans le fourgon. A 18 heures, le soleil se couche en éclairant les nuages sombres d'une lueur étrange et merveilleuse. Demain il faut repartir…

7ème nuit.