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Attention au chien !
26 avril 2019

Le goût des maracujas

 

PCA Arles St-TRophime13 22-02-2019

Provence

Cloître de Saint-Trophime, Arles

Février 2019

 

            L'autre nuit, j'ai rêvé de Marie Louise. J'ai trouvé cela étrange car il y a longtemps que je ne la vois plus. C'était autrefois une amie légère et opportuniste qui ne donnait rien sans rien. Je l'avais distraite et elle me l'avait bien rendu. Puis, elle avait trouvé d'autres distractions et m'avait abandonnée là, dans un coin, comme un vieux jouet sans intérêt. Plus tard encore, lui était arrivé le pire qui nous avait éloignées pour toujours. Dans mon rêve, je la retrouvais sur les marches d'un monument ancien qui rappelait vaguement l'entrée de l'église Saint-Trophime à Arles.
Elle était comme d'habitude magnifique et souriante, auréolée de boucles brunes. Je l'ai embrassée. Elle semblait heureuse de me voir et je partageais avec elle le plaisir de ces retrouvailles improbables, où le temps, miraculeusement suspendu, convoquait un bonheur simple et doux.

          A mon grand étonnement, ce sentiment était encore bien tangible à mon réveil mais il était sans objet. Le rêve n'avait en effet ranimé aucun regain de tendresse à l'égard de Marie-Louise ni de désir particulier de la revoir. Il était clair pour moi dans la pénombre matinale de ma chambre à coucher, que notre belle amitié et tout ce qui va avec appartenaient définitivement au passé. S'il fallait donner un sens à cela, il fallait sans doute le chercher ailleurs. Dans le même temps, j'avais commencé la lecture du « Lambeau » de Philippe Lançon, gravement blessé au visage lors des attentats de « Charlie Hebdo ». Dehors, le vent d'autan soufflait comme un possédé et secouait mon petit fourgon comme une brindille de paille. Je n'étais guère inquiète, je savais que les « quatre châteaux » de Lastours en face desquels je m'étais installée pour quelques jours ne risquaient pas de s'écrouler ni mon fourgon de s'envoler. Les mots pénétraient mes yeux et coulaient sur mon cœur comme un baume un peu triste mais apaisant. J'avais envie de caresser le bout des doigts, d'embrasser le front tourmenté de leur auteur et de le remercier de remuer si bien le cœur des braves filles. J'aurais voulu partager cet instant de lecture avec quelqu'un mais à part le vent et quelques ânes qui brayaient dans le champ voisin il n'y avait personne. J'ai trouvé ça injuste.

            Page 237 du « Lambeau », Philippe Lançon a écrit : « […] J'ai senti de nouveau, mais avec une force inédite, qu'on mourrait un nombre incalculable de fois dans une vie, des petites morts qui nous laissaient là, debout, pétrifiés, survivants, comme Robinson sur l'île qu'il n'a pas choisie, avec nos souvenirs pour bricoler la suite et nul Vendredi pour nous aider à la cultiver. »

 

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Commentaires
B
C'est un très bon début avec du rêve et du rythme...mais c'est quoi des maracujas ?
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