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Attention au chien !
9 novembre 2016

"Le bonheur n'est bâti qu'avec les petites choses qui nous restent"

 

 

 

Divers 20162Moyenne

 

Divers 20161

Salon de la peinture de Clairac

Tableaux de Sylvia Karle-Marquet

octobre-novembre 2016

 

            Aujourd'hui c'est lundi, on est en novembre et il fait froid. Avec John et Monsieur le documentaliste on a décidé de ne pas faire cours et d'amener les troisièmes visiter l'exposition de peinture à Clairac. Tout en enfilant mon manteau, je leur dis de poser leur sac dans la classe.

           - Vous partez ? me demande Camille très étonnée.

           - Absolument, je vais me promener réponds-je en la poussant gentiment dans le couloir.

           - Vous nous laissez tout seuls ? s'inquiète Tristan

           Je les rassure, oui je les emmène tous, oui Monsieur John vient aussi et oui Monsieur le documentaliste aussi.

          Ils sont d'un coup tout excités, comme en partance pour la traversée de l'Atlantique en solitaire, sauf qu'ils sont une classe entière et que l'on va juste faire un voyage de cinq kilomètres à pied aller-retour et jouer les touristes dans un village de 2000 habitants perdu en plein milieu du Lot-et-Garonne.

          La plupart, alors qu'ils y sont scolarisés, ne connaissent pas Clairac et n'ont jamais mis les pieds dans une exposition. L'art, la culture c'est un peu un monde ailleurs pour eux, un truc inaccessible de grandes personnes trop sérieuses.

         Le sourire des deux dames qui nous accueillent à l'entrée se fige brusquement quand elles aperçoivent les dix-huit adolescents très pubères équipés d'un Ipad qui nous accompagnent.

         Je leur explique qu'ils ont pour consigne de photographier l’œuvre qu'ils préfèrent et de préciser pourquoi en quelques lignes, que cette visite est la première étape d'un projet qui va les conduire ensuite à Bordeaux.

         - Ne vous inquiétez pas, ils sont gentils, ça va bien se passer.

         En vérité, je n'en suis pas si certaine. Mais, c'est vrai qu'ils sont gentils alors on peut bien leur faire confiance non ?

         Nous leur donnons vingt minutes. Une heure après nous y sommes encore. Leurs yeux brillent de plaisir. Ils nous interrogent, s'extasient du travail des artistes, de la diversité des œuvres présentées.

         Vous vous rendez compte Madame, deux mille euros qu'il coûte ce grand tableau là ! Je crois que c'est mon préféré.

        - Maman ! Euh, non Papa, euh ! Pfff ! Madame ! Balbutie Tristan en pleine jubilation, venez voir ce tableau trop marrant. Je l'adore ! Mais y'a un truc écrit en bas que je ne comprends pas.

         C'est un tableau de Sylvia Karle - Marquet qui représente des animaux vêtus comme au dix-septième siècle, ils semblent faire salon dans un univers étrange et décalé. Robin lit : « Paroles d'expert. Ma chère, comment voulez-vous qu'à son âge il puisse juger nos pulsions nocturnes ? ». John se marre et moi aussi, Monsieur le documentaliste lui explique en termes choisis de quoi il retourne.

           Quand nous ressortons, il fait déjà frais. Je leur dis que nous allons faire un tour dans le village et qu'ils peuvent déjà repérer le nom des rues, des places et des monuments importants. J'évoque la « Maison Montesquieu ».

         - Montesquieu ! S'exclame Nicolas, mais c'est qu'il est vachement connu !

          Ils font preuve du même émerveillement dans les rues de la petite ville. Les maisons à colombage retiennent toute leur attention, celle de Montesquieu n'y échappe pas. Cette proximité soudaine avec l'auteur des Lettres Persanes les rend timides comme des petits enfants devant le Père-Noël.

         Sur le chemin du retour, Dorian regrette l'absence de cinq de ses camarades. « C'est dommage pour eux, pour une fois qu'on fait pas cours pour de vrai ».

         Tristan déboule derrière nous. Il me montre ses photos de l'exposition. Il a fait un gros plan sur un détail d'un autre tableau de Sylvia Karle – Marquet. C'est encore une inscription qui gambade avec élégance sur le cadre doré du tableau et qui affirme: «  Le bonheur n'est bâti qu'avec les petites choses qui nous restent ».

         Des fois, j'aime bien faire cours pour de faux.

 

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